Les 9 points qui démontrent que vous évoluez dans un environnement de travail sain ….
Vous avez remarqué ? Les jours pluvieux, on se languit du ciel bleu. Puis, quand arrivent les beaux jours, que le soleil est au zénith, on s’habitue. Ciel sans nuage, chaleur ambiante, climat tropical et douceur estivale, tout cela nous paraît bien ordinaire. Le temps est bon, l’air est doux, l’environnement sain et on ne le note même plus. Ce n’est que tardivement, quand reviennent le froid et la pluie, qu’on regrette le climat d’antan. Au travail, c’est pareil. Démissions, burn-out, arrêts maladie, il existe bien des manifestations d’une dégradation de l’environnement de travail. Lorsqu’il devient toxique, on l’identifie sans trop de difficultés. Mais, à l’inverse, comment reconnaître les indices d’un climat de travail au beau fixe ?
Pour vous aider à faire le point et comprendre si votre environnement de travail est sain, nous avons rencontré Alexandre Jost, fondateur de la Fabrique Spinoza, le think-tank du bonheur citoyen, et directeur pédagogique d’Action Spinoza, sa filiale. Petit baromètre du bien-être au travail et ses indices qui ne trompent pas…_
Baromètre bien-être : apprenez à mesurer votre climat de travail
Pour mesurer le bien-être au travail, on peut utiliser un « baromètre ». Le terme n’est pas choisi par hasard. Déjà, en 2017, l’Observatoire de la Fabrique Spinoza employait cette notion pour mesurer le bonheur des Français au travail. Le baromètre est un instrument de mesure utilisé en météorologie pour évaluer la pression atmosphérique. La pression ambiante, voilà l’indicateur majeur de votre bien-être ou mal-être au travail. Car, il n’existe pas de sain climat de travail, lorsque la pression ambiante devient pesante.
Climat toxique : quand le travail tourne à l’orage…
Guerre de clans, comportements de petit chef, stress et angoisses… « Il y a de l’orage dans l’air, il y a de l’eau dans le gaz », pourrait chanter Claude Nougaro, résumant ainsi le bulletin météo de votre environnement de travail. Le climat est électrique. La tension palpable. On reconnaît bien là l’environnement de travail toxique… « L’environnement de travail toxique ou malsain est celui qui affecte l’intégrité du salarié, explique Alexandre Jost. Son esprit et son corps souffrent. Cela se manifeste par des troubles musculo-squelettiques, du stress, une agressivité, jusqu’à entamer négativement sa vie privée. » Au-delà de l’arrêt maladie, ou des pluies de démissions, cela se traduit par une désertion des bureaux. « C’est un environnement de travail où les collaborateurs ne viennent pas ou peu, détaille l’expert du bonheur citoyen. Ils angoissent à l’idée de revenir au bureau. » Un phénomène que l’on n’observe pas dans un environnement où il fait bon travailler…
Soleil au zénith : ne vous laissez pas éblouir…
L’environnement sain est, par opposition, celui qui n’est pas toxique. De la même manière que l’on parle d’un ciel “sans nuage”. Pour autant, il existe bien des indices positifs d’un environnement de travail sain, et même si n’avons pas naturellement le réflexe de prendre la température quand le ciel est bleu et le soleil au zénith, « c’est une nécessité de s’interroger sur ses conditions de travail, assure Alexandre Jost. Le quotidien est prenant et on peut vite s’oublier. Or, on sous-estime l’impact que peut avoir le travail sur notre vie en général. Quand on sait que 2/3 des Français considèrent que leur vie sexuelle est affectée par le travail, on s’interroge ! Il faut précisément se poser, s’interroger sur ses conditions de travail, afin d’améliorer les choses, chemin faisant. »
C’est seulement ainsi, en prenant la température ambiante régulièrement, que vous détecterez les symptômes d’une dégradation ou non de votre climat de travail. Alors, quels signaux observer pour savoir si notre environnement de travail est sain ou non ?
Ces signes d’un environnement de travail au beau fixe…
Votre espace de travail est adapté à vos activités
Un espace de travail sain est celui qui permet à chacun d’exercer ses activités convenablement, sans s’attirer les foudres de son voisin. Par exemple, vous disposez d’une cabine téléphonique pour passer un appel au calme, une salle de réunion permet un brainstorming en équipe, un espace de convivialité vous accueille pour la pause-café, une salle de repos pour votre micro-sieste… Bref, « l’aménagement de votre espace de travail s’adapte à vos activités, résume l’expert. On appelle cela l’activity-based working (ABW). Il s’agit d’une philosophie d’aménagement visant à dessiner des espaces en fonction des activités.» Autrement dit, un espace qui permette d’instaurer un climat de travail fluide et harmonieux.
Votre mobilier de bureau est ergonomique
Connaissez-vous Emma ? Il ne s’agit pas de votre collègue actuelle (du moins on ne l’espère pas), mais du prototype de l’employée de bureau en 2040. Emma fait peine à voir, elle a le dos bossu, des varices, les yeux injectés de sang, les poignets et jambes gonflés, un ventre bedonnant… « La sédentarité du travail, renforcée par le télétravail, affecte le corps en profondeur, déplore Alexandre Jost. Un espace de travail sain est donc celui qui prend soin du corps de ses collaborateurs et de leur santé au travail. C’est le cas des bureaux équipés de mobilier ergonomique. Cela peut paraître matériel, mais c’est essentiel. » Odeurs, lumière naturelle, température agréable, acoustique, nos cinq sens sont parfois rudement mis à l’épreuve. « Un espace de travail sain est celui qui stimule votre épanouissement et vous permet de mieux travailler », synthétise-t-il.
Votre espace de travail est vide à 20 heures (grand max !)
Qui peut se vanter de se voir offrir sushis et taxis par son employeur pour rester au travail jusqu’à 23 heures ? Si votre bureau est encore plein à des heures tardives, cela ne veut pas signifier qu’on y travaille si bien. Au contraire, éteindre les lumières de l’open space à 20 heures, c’est un bon signe. « Un environnement sain, affirme le fondateur de la Fabrique Spinoza, est celui qui vous permet un bon équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. » L’environnement de travail sain est cloisonné, il n’envahit pas la sphère privée ou familiale. Physique ou digital, l’environnement de travail sain est celui qu’on peut éteindre, quitter et déconnecter…
Mobilier, aménagement de l’espace, horaires et conditions de travail… On entend bien sûr par « environnement de travail sain », tout ce qui touche au bureau de près ou de loin. Pour autant, l’environnement ne s’arrête pas là, brutalement, aux portes du bureau, comme une averse s’arrêterait aux frontières d’une région. Non, le climat de travail s’étend aussi à ceux et celles qui l’habitent et le gouvernent.
Ces conditions d’une saine gouvernance au travail…
Vos collègues et managers vous disent « merci »
La crise du Covid est venue avec son lot de troubles. Parmi eux, l’augmentation de l’anxiété et la chute du moral des Français. En mars 2021, 20 % des Français affirmaient souffrir d’un état dépressif et 21% d’un état anxieux. « Plus que jamais, reconnaît Alexandre Jost, l’environnement de travail doit permettre de prendre soin les uns des autres. Et, cela commence par la reconnaissance : savoir dire merci. » Pas un de ces mercis lâché au détour d’un e-mail, « merci pour ton travail. » Non, « un merci circonstancié, fréquent, détaillé, qui fait la part belle aux émotions », insiste l’expert. « Merci d’avoir pris le temps de traiter ce dossier », « Merci d’avoir fait preuve de créativité », cite-t-il en exemple. Un merci sincère et qui va droit au cœur. « On devrait le rendre plus automatique, poursuit-il. En ce sens, la Mairie de Suresnes a mis en œuvre une pratique innovante intitulée “le clic”. Cette application permet à chaque agent de remercier un de ses collaborateurs pour son comportement positif. » Mais bien évidemment, pas besoin d’outils pour remercier vos collègues ou pour attendre un remerciement !
Votre manager vous demande « comment ça va ? »
Pas un « ça va ? » soufflé par réflexe entre les couloirs. Ni de ceux qui, lancés avec automatisme, n’attendent pas de réponse. Non, « un ‘’comment ça va ?’’ global, qui s’adresse à l’ensemble de la vie de la personne », précise l’ingénieur, spécialiste du bonheur. « L’environnement de travail sain repose sur un management de soutien, ‘’servant leadership’’ en anglais, reprend-il. Celui qui va prendre en compte l’état mental de la personne, sa fatigue physique et morale, et son impact sur son travail. » Nous avons tous nos jours orageux et nos jours de ciels bleus… Une météo intérieure qui a forcément un impact sur notre environnement extérieur.
Votre manager prend régulièrement la température
Puisqu’on parle de météo intérieure, n’avez-vous jamais remarqué ces changements d’humeur ? Qui, comme la pluie, a soudain le cœur chagrin… « Dans un environnement de travail sain, poursuit l’expert, le manager interroge fréquemment ses collaborateurs pour savoir comment ils se portent. » Il prend le pouls, la température. Comme le temps a son bulletin météo, le manager à ses outils numériques pour sonder les cœurs. « Ils existent de nombreux outils qui permettent de réaliser un baromètre de la qualité de vie au travail », précise-t-il. Mood at work, smiley du jour, peu importe le moyen. Ce qui compte c’est de mener régulièrement une petite enquête interne pour connaître le moral des troupes.
Votre n+1 sollicite votre avis
Un autre indice de la qualité de votre environnement de travail se cache dans le processus interne de prise de décision. « ”Est-ce qu’on se préoccupe de mon avis ?”, interroge Alexandre Jost. “Est-ce qu’on tient compte de ce que je pense ?” » Si la réponse est oui, alors vous évoluez dans un environnement sain où on vous écoute. « Il est possible de mettre en place des sollicitations d’avis, complète le spécialiste. Toutes les méthodes de participation des collaborateurs à la prise de décision valorisent le travailleur. En y recourant, votre manager vous montre que vous contribuez activement au fonctionnement de l’entreprise. C’est une marque de confiance. »
Vous avez la capacité de dire « Non »
La révolution digitale au travail, accélérée par la pandémie, a du bon. Moins de transport, moins de réunions, moins de rendez-vous : nous avons tous gagné du temps. Un gain que nous avons compensé par une surcharge d’activités. « Avec la démocratisation de la visioconférence et du télétravail, nous avons gagné en efficacité, constate Alexandre Jost, mais en contrepartie, notre to-do-list s’est remplie et la fréquence des burn-out a augmenté. » La charge de travail est plus lourde à porter. « Un environnement de travail sain est donc celui où vous êtes capable de dire ‘’non’’ à votre manager et serez écouté en retour », explique l’expert. Celui où se sent libre de poser ses propres limites et où elles sont respectées.
Vous avez le droit à l’erreur
« Je me souviens d’une phrase que j’ai entendue et qui m’a profondément marqué, témoigne Alexandre Jost, elle disait : ‘’l’erreur du collaborateur est la raison d’être du manager’’. » Pas d’erreur, pas de manager. Contrairement aux idées reçues, l’erreur est saine, elle est humaine. « L’environnement de travail qui crée les conditions qui permettent à l’erreur d’advenir, tout en prévoyant des mécanismes pour en limiter les conséquences, est un environnement sain, conclut l’expert. Paradoxalement, ce sont les organisations qui ont une culture de l’erreur et qui encouragent sa formulation, qui sont les plus vertueuses et les plus fiables. » Et vous, avez-vous déjà commis une erreur sans recevoir les foudres de votre manager ? Si votre réponse est positive, dites-vous que c’est bon signe…
Le temps est bon, le ciel est bleu… Tous ces indices prouvent que votre météo au boulot est clémente. Vous travaillez dans un environnement sain. Offrez-vous un bain de soleil, profitez-en. Vivez l’instant présent, mais n’oubliez pas de garder un œil sur le climat, il peut changer à tout moment. Chaque jour, prenez la température. Que dit la météo ? Quelle est la pression ambiante ? Et quelles sont les prévisions ? Si le vent tourne et que le temps se montre menaçant : prenez vos précautions, abritez-vous. Patientez jusqu’à la prochaine accalmie et avisez, peut-être est-ce le moment opportun pour bouger…
Article édité par Gabrielle Predko
Photo de Thomas Decamps